Mesdames, Messieurs, chers amis villarois.
Nous voici encore une fois réunis, depuis presque 70 ans, pour fêter la fin des hostilités entre les pays de l’alliance et les pays de l’axe durant la deuxième guerre mondiale.
La perte de nos porte-drapeaux.
Cette fois-ci nous n’aurons pas la joie d’avoir avec nous notre porte-drapeau Raymond Delfino que nous avions décoré le 11 novembre 2011 (voir ci-dessous).
Il nous a quitté depuis peu, et cela fait un vide, en particulier comme pour des cérémonies comme celle-ci.
Nous avions perdu aussi notre ami René Miquelis voici près de 3 ans.
Nous remercions Jacques Vaucherot qui a bien voulu prendre la relève et qui a officié dès aujourd'hui. Merci Jacques.
Comme vous le savez, chaque année j’essaie de trouver un thème nouveau, différent, sur lequel nous pouvons nous pencher tous ensemble.
Et je me suis rendu compte que jusqu’à ce jour nous n’avions pas traité de la jeunesse dans la Résistance.
Ce sont les jeunes en effets qui réagirent très vite à l’occupation allemande, et beaucoup d’historiens ont cherché à comprendre pourquoi dès la fin 1940 des centaines de jeunes s’étaient rassemblés pour dénoncer l’occupation.
On peut citer à Paris le 11 novembre de cette même année, place de l’Etoile,devant la tombe du soldat inconnu une manifestation retentissante d’étudiants et de lycéens, qui avait été durement réprimée et s’était soldée par la fermeture de tous les établissements d’enseignement supérieur pendant 3 mois.
Ces manifestations se produisirent dans de nombreuses villes comme Caen, Rouen, Metz, Lyon, Brive.
Il faut réaliser la dose de courage de ces jeunes, quand on connait la sauvagerie de la répression nazi, accompagné par le régime du Maréchal Pétain.
Comment expliquer cet engagement des jeunes, alors que la France globalement sonnée par la défaite et la collaboration, tardait à réagir ?
Il nous faut revenir au contexte de l’époque.
Ils avaient juré que ce serait la « Der des der ».
La perte de la liberté de parole,
L’étoile jaune portée par leurs amis de toujours,
La disparition de leurs camarades juifs,
Dans la vie quotidienne, ils ressentaient une exaspération vis-à-vis :
Du « bourrage de crâne » du régime de Vichy.
Du brouillage des émissions radiophoniques…
Du couvre-feu.
De l’Interdiction de circuler.
Tout cela pris de l’ampleur chez les jeunes quand les répressions des nazis et les tortures furent connues et dénoncées.
Les historiens, et les témoins de cette époque montrent que tout pouvait être prétexte à s’opposer, même si la plupart des actes au début, pouvaient apparaître anodins.
° Dans certaines classes, le portrait du Maréchal était souillé et même, quelquefois disparaissait au profit de celui du Général de Gaulle.
° Comme par mégarde, des jeunes s’attachaient à bousculer des officiers allemands
° Les jeunes étaient devenus des experts pour déchirer les affiches allemandes.
° Dans les bibliothèques ils inséraient dans les livres des tracts anti-allemands.
° Les jeunes transportaient très souvent les tracts et les journaux clandestins au péril de leur vie.
° On pourrait citer des dizaines d’actions de ce genre qui nous semblent bien peu importantes de nos jours, mais qui révélaient de grands courages à l’époque.
Les actions anti allemandes et anti Maréchal, prirent ensuite une tournure beaucoup plus violente et militaire.
Citons quelques exemples d’actions de jeunes résistants :
Un déraillement de train à Marseille réalisé par des jeunes de 16 à 17 ans. Cela nous semble impossible de nos jours.
Un attentat dans une fabrique d’habits chauds pour les soldats allemands du Front de l’est, par un très jeune résistant : Moniek Tuchklaper qui devint célèbre sous le nom d’emprunt d’Henri.
Un double attentat dans les quartiers riches de Paris, contre des officiers nazis, réalisé par trois jeunes juifs, dont le fameux Henri.
Nous avons le témoignage de Marcel Fraiche qui rappelle que dans la Région bordelaise c’est un garçon de 13 ans qui réussit l’exploit d’amener au cinéma des aviateurs alliés. Ceux-ci avaient été cachés depuis longtemps dans la cave de son école.
Rappelons que Pierre Georges, plus connu sous le nom de Colonel Fabian, avait seulement 24 ans.
Rappelons que l’année passée le Président Nicolas Sarkozy avait demandé à ce que tous les enseignants de toutes les classes de France, lisent la lettre de « Guy Moquet » (fils d’un député communiste interné en Algérie), fut fusillé le 22 octobre 1941.
Il est malheureusement célèbre pour avoir été le plus jeune des quarante-huit otages fusillés à Châteaubriant, Nantes, et Paris en représailles après la mort de Karl Hotz.
Le lieutenant-colonel Karl Hotz était le responsable des troupes d'occupation en Loire-Inférieure, et avait été abattu par des résistants.
Guy Moquet avait tout juste 17 ans et il portait sur lui lors de son arrestation une lettre qui dénonçait l’occupant, les collaborateurs et le capitalisme.
Par ailleurs sa lettre retrouvée bien après la guerre, montre un jeune homme de 17 ans qui va être fusillé par des Allemands et qui dit grâce à la traduction d’Aragon :
«Je meurs sans haine en moi pour le peuple Allemand ».
Il avait tout compris :
Il distinguait entre les « puissants » qui étaient à l’origine de la guerre et les peuples qui en étaient les victimes.
Chers amis villarois
° Alors que notre continent subit actuellement des soubresauts qui sont de l’ordre de la guerre économique,
° Alors que de nouvelles haines s’expriment entre personnes n’ayant pas la même origine,
° Alors que nos jeunes nés dans un pays riche se demandent de plus en plus souvent ce qu’ils vont devenir,
Je crois qu’il est bon de rappeler que la jeunesse, lorsqu’elle est poussée par un idéal altruiste, est capable de se surpasser et même de donner l’exemple aux adultes.
En leur honneur :
Nous appellerons nos morts des différentes guerres.
Nous ferons une minute de silence,
Nous entamerons d’abord la Marseillaise,
Ensuite des amis de la chorale villaroise nous inviteront à chanter avec eux, le « Chant des partisans ».
Je vous remercie pour votre attention.
Villars-sur-Var le 8 mai 2012.