Le long chemin de l'ex Comté de Nice avant de pouvoir fêter la prise de la Bastille.
Mesdames, Messieurs, chers amis villarois,
Nous sommes aujourd’hui, encore une fois réunis pour fêter le « 14 Juillet » :
Date de la prise de la Bastille. C’est un jour symbolique consacrant la fin de la monarchie absolue.
et
Celle du 14 juillet 1790, jour d'union nationale lors de la Fête de la Fédération.
Et comme chaque année, ici à Villars, c’est un moment de partage, de retour sur notre histoire, afin de mieux envisager notre présent et notre avenir.
Rappelons d’abord que la fête du 14 juillet n’a pas toujours existé.
En effet, ce que nous prenons pour une fête, issue naturellement, de la grande Révolution Française de 1789, n’a pu voir le jour qu’après le rejet définitif de l’Empire de Napoléon III, et de la royauté, près de 100 ans après la prise de la Bastille.
Comme quoi, certains événements trouvent leurs conclusions, longtemps après que les acteurs de ces événements, aient disparu.
Mesdames, Messieurs, mes chers amis villarois,
Il en est de même pour le territoire du Comté de Nice.
Il nous semble naturel d’aimer notre Pays la France, terre généreuse, riche de toutes ses populations, et de ses terroirs.
Nous nous sentons français de toute éternité.
C’est cela que nous avons appris dans nos livres d’histoire, avec la célèbre phrase : « nos ancêtres les gaulois », puis le vase de Soissons avec Clovis, puis l’épopée de Jeanne d’Arc.
Et pourtant ce territoire niçois a parcouru un long chemin avant de s’assimiler dans l’espace français.
Et 5 dates sont à retenir :
1388. Dédition de Nice à la Savoie.
1792. 1ère révolution française.
1814. Retour au Royaume de Piémont Sardaigne.
1860. Rattachement à la France.
1880. Fête de la prise de la Bastille.
Dédition de Nice à la Savoie.
En 1388, le Comté de Nice avait choisi de se séparer de la Provence.
Et quand celle-ci fut rattachée à la France, notre territoire était resté dépendant des souverains de Savoie-Piémont-Sardaigne.
Dans ces conditions on pourrait penser que notre territoire niçois et alpin n’a pas connu la Révolution française de 1789 ?
Et bien ce n’est pas le cas, le Comté de Nice a bien connu la Révolution, alors que ce territoire n’était pas français.
Pourquoi donc, avoir connu la Révolution française ?
On sait que la France à compter de 1789 a du faire face à toutes les armées royalistes coalisées de l’Europe.
Et une grande partie des révolutionnaires (ainsi que le Roi Louis XVI) avait décidé «d’exporter la Révolution », et ce, contre l’avis de Robespierre qui savait que les contre-révolutionnaires voulaient épuiser la toute jeune république.
C’est, d’ailleurs, dans ces circonstances qu’est née la « Marseillaise » que nous allons chanter tout à l’heure.
Le Comté de Nice fut donc envahi par des armées républicaines françaises en 1792, commandées par le Général Anselme.
Les autorités savoyardes et piémontaises, quittèrent la ville de Nice précipitamment et c’est ainsi qu’en septembre 1792, Nice tombait aux mains des armées révolutionnaires françaises.
Entre autres, deux courants niçois s’affrontèrent alors :
Le Baron Joseph-Ignace Giacobi voulait créer « une république niçoise » alliée à la France.
Le baron Jacques Alexandre Pauliani souhaitait l’annexion pure et simple à la France.
Cependant, les élections de décembre 1792, montrèrent que les habitants du Comté ne souhaitaient pas devenir français.
En effet 16 communautés seulement votèrent l’annexion à la France et encore avec des réserves.
Notons un point très important cependant :
Le Comté de Nice ne connut pas les grands affrontements religieux que l’on vécut en France.
En effet, les révolutionnaires français, nommèrent l’Abbée Grégoire qui, avec le frère de Robespierre, pratiquèrent une grande souplesse envers la religion.
Ce n’est pas pour autant que les habitants acceptèrent l’occupation française. Les refus étaient nombreux.
Mais nous n’aborderons pas cette année, l’histoire des maquisards paysans appelés les « Barbets » qui donnèrent du fil à retordre aux armées françaises.
La date de 1814 est la troisième date à retenir, car ce fut l’année de la défaite définitive de Napoléon 1er et le retour du Comté de Nice dans le giron des rois de Piémonts-Sardaigne.
Traité de Fontainebleau.
La quatrième date à retenir est celle de 1860
Ce territoire est devenu français, parce que ses habitants ont été consultés par référendum Il y a de cela : 154 ans.
La date de 1880 est la dernière date que je citerais.
La loi républicaine établissait que le 14 juillet devenait la fête nationale. Et comme partout en France l’ancien Comté de Nice, put enfin fêter le 14 juillet.
Je terminerai cette courte allocution, par une pensée que je souhaite philosophique.
Nous sommes heureux et fiers d’appartenir à cette France qui a créé de toutes pièces les droits de l’homme et du citoyen.
Mais pour cela il a fallu parcourir un très long chemin.
Par exemple, à la fin du 19ème siècle, la langue majoritairement parlée dans ce Comté n’était pas le français, mais encore le niçois. Ce qui montre combien ce territoire vivait sur ses traditions.
Les habitants de ce territoire:
° Ont donc lentement assimilé les valeurs de la République,
° Sont allés à l’école laïque et gratuite française,
° Ont connu la conscription militaire,
° Ont participé malheureusement à des guerres,
Afin que ce territoire se sente définitivement français.
Les valeurs révolutionnaires de 1789 étaient enfin devenues notre patrimoine commun.
Et c’est ainsi que depuis 1880 nous célébrons le 14 juillet, comme notre fête à nous tous, et ce définitivement.
Mesdames et Messieurs, chers amis villarois,
Nous allons donc procéder à l’appel des morts.
Nous allons observer une minute de silence.
Nous chanterons le Marseillaise.
La municipalité offrira la population l’apéritif chez Simone.