Mesdames, Messieurs, chers amis villarois,
Je souhaite vous présenter les excuses de Danièle Dao-Léna notre deuxième adjointe, qui accidentée ne pourra pas pour la première fois de son mandat, assister à la cérémonie.
En cette dernière année de ce mandat, j’ai cherché comme chaque fois à aborder un nouveau sujet lors de cette cérémonie du 8 mai, date à laquelle la France, et le monde étaient libérés du joug nazi et fasciste.
En cette occasion, j’ai choisi de prendre comme sujet, le rôle des femmes dans la Résistance française, après avoir abordé le rôle de la jeunesse dans la Résistance l’année passée.
C’est un sujet important, comme nous allons le voir.
Selon des statistiques toujours un peu incertaines, pour un pareil sujet, les femmes auraient représenté environ 20 % des effectifs de la Résistance, et l’on dénombre 15% de femmes dans les déportés politiques.
Ce chiffre un peu faible n’a pas de quoi nous étonner, à une époque où l’on considérait que les femmes n’étaient pas des citoyennes, n’avaient pas à se mêler de politique, et n’avaient pas le droit de vote.
Ainsi, dans ce contexte on peut considérer que les femmes et en particulier celles qui furent des déportées politiques étaient très méritantes dans la mesure où elles durent franchir la barrière du machisme de cette époque héroïque.
Parmi ces déportées l’histoire a retenu de grands noms comme :
Les historiens de cette époque ont constaté que les femmes n’eurent que très peu de places dans la hiérarchie militaire et civile de la Résistance.
Même une des plus célèbres, comme Lucie Aubrac, n’eurent pas de rôle clairement défini dans la hiérarchie de son mouvement.
Et pourtant, Lucie Aubrac était la cofondatrice de « Libération Sud ».
Et si l’on prend le cas d’Hélène Viannay, davantage diplômée que son mari Philippe Viannay, le fondateur de « Défense de la France », on s’aperçoit qu’elle n'écrivit jamais un seul article pour le journal clandestin du même nom, pas plus que les autres compagnes des chefs de Défense de la France, alors qu'elles assistaient à toutes les réunions de rédaction.
Ceci nous semble incroyable de nos jours, quand l’on voit des femmes journalistes, correspondantes de guerre faire preuve de grand courage dans les pires conflits qui agitent actuellement notre pauvre planète.
Et si l’on prend l’exemple du Special Operations Executive, on constate que les femmes furent systématiquement formées et employées comme sans-filistes et secrétaires de circuits dirigés uniquement par des hommes.
Mais un certain nombre de mouvements de la Résistance surent dépasser les mentalités de cette époque et des femmes purent ainsi s’imposer.
Cela est suffisamment important pour que l’on puisse citer :
« Combat Zone Nord »où des femmes entrèrent au Comité Directeur, comme Jane Sivadon, Elizabeth Dussauze, Odile Kienlen et Sœur Hélène Studler…
Le Mouvement de Libération Nationale fut co-fondé par Berty Albrecht, ancienne de l'école des surintendantes.
Ainsi, nous pouvons citer des femmes qui jouèrent des rôles clefs durant cette période :
Denise Cerneau qui joua un rôle primordial dans l'animation de réseaux de zone Nord et de zone interdite.
Marie-Madeleine Fourcade fut la seule femme à avoir été chef d’un grand réseau de résistance.
Marie-Hélène Lefaucheux, fut membre du comité parisien de Libération et sera à la libération député puis sénateur.
Germaine Tillion devient l'un des chefs de la filière d'évasion de Paul Hauet dont elle prendra la suite.
Hélène Studler, Fille de la Charité de Metz, ville annexée au Troisième Reich, monte son « réseau d'évasions ». Des milliers de prisonniers, de réfractaires lui doivent leur « liberté ». Elle organise l'évasion de François Mitterrand, de Boris Holban fondateur du réseau des FTP-MOI en mars 1942 ainsi que celle du général Giraud, le 17 avril 1942.
Par contre, une minorité, en France, très restreinte prit part à la lutte armée.
Cela fut différent dans les mouvements de partisans dans d’autres pays où les résistantes sont des figures emblématiques et nombreuses dans les mouvements de partisans en Italie, en Grèce, en Yougoslavie et en URSS occupées.
On peut quand même citer des faits d’armes de certaines femmes comme Germaine Lemaire qui abattit un sous-officier allemand le 17 juin 1940, jour où Philippe Pétain appela à cesser le combat et annonça son intention de demander l'armistice.
Par contre :
Des femmes organisèrent des manifestations de ménagères dès 1940, et furent actives dans les comités populaires du PCF clandestin,
Des femmes furent omniprésentes dans les encouragements et l'aide matérielle aux grévistes ainsi qu'aux réfractaires des maquis.
Elles furent indispensables comme dactylos, comme boites aux lettres, comme hébergeuses, et surtout comme agents de liaison
Il faut aussi mentionner que d'innombrables combattants de l'ombre vécurent toute la guerre en couple, et que leur résistance aurait été impossible et invivable sans la présence de leur compagne à leur côté, comme :
Cécile et Henri Rol-Tanguy, Lucie et Raymond Aubrac,
Nombreuses sont les résistantes qui se marièrent et qui eurent des enfants en pleine clandestinité, sans interrompre pour autant leur combat.
Certaines sauvèrent la vie de leur mari (Lucie Aubrac, Marie-Hélène Lefaucheux).
D'autres partagèrent leur sort jusqu'à la torture, à la déportation et à la mort.
Les résistantes politiques font l'objet de mesures d'internement (en France) et de déportation (en Allemagne ou en Pologne), dans des prisons, des bagnes ou des camps de concentration.
Et ces femmes subiront des sorts identiques à ceux des hommes et quelquefois pire.
Constatons aussi qu’en France peu de monuments font référence aux femmes dans la Résistance.
C’est pourquoi il m’a semblé important aujourd’hui, hommes et femmes présents à notre cérémonie de se souvenir de ces héroïnes qui participèrent si fort à la libération de notre pays. Merci d’avoir une pensée pour elles et pour leurs compagnons.
Après l'appel aux morts villarois, une minute de silence fut observée suivie de la Marseillaise chantée par la population présente.
Un apéritif d'honneur offert par la municipalité termina cette journée ensolleilée au Restaurant des Platanes.