N° 1 Avril-Mai 2008 (suite d’Alternative et Ecologie)(suite d
Espoir et Réalité
Un article du journal Politis
« Pour une gauche écologiste et sociale.
L'inadéquation entre les formes politiques et les urgences écologistes et sociales est une des grandes affaires de l'époque.
Quand on a 20 ans et mille parutions derrière soi, il est temps de se soucier de son avenir. « Dis, jeune Politis, que feras-tu quand tu seras enfin adulte ? »Mais le développement d'un journal ne suit pas les lois de la biologie. La presse qui nous occupe, et nous passionne, est tributaire d'autres cycles, moins linéaires, qui sont ceux de la politique. C'est en cela que le bilan de Politis peut être intéressant. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de la gauche sociale et écologiste ».
De Juquin à Bové
« L'éclosion se fait attendre… mais nous sommes bien vivants, et cette résistance a évidemment un sens. Certes, si l'on voulait sourire cruellement à nos dépens, on résume- rait ces vingt ans à deux chiffres, deux scores de
candidats que notre journal a soutenus : 1988, Juquin 2,1 %, et 2007, Bové 1,3 %. Arithmétique meurtrière ! ».
Le rappel à la réalité des élections italiennes
« Et, au cas où cette brutale réalité n'aurait pas eu raison de notre instinct de survie, nous pourrions encore invoquer les récentes élections italiennes et l'échec électoral de la toute jeune coalition Arc-en-ciel. Fort heureusement, nous savons que les urnes sont trompeuses et qu'elles ne rendent pas compte fidèlement des évolutions politiques.
M.G Buffet s’interroge-t-elle ?
Ainsi, le Parti Démocrate italien a continué de capter bon gré mal gré les voix de la gauche, alors que lui-même ne se réclame plus ni du socialisme, ni de la social-démocratie, ni même de la gauche. Nous savons que d'autres réalités, qui ne sont pas électorales, sont à l'œuvre au tréfonds de nos sociétés ».
L’espace d’une gauche sociale et écologiste…
« En vingt ans, l'espace d'une gauche sociale et écologiste n'a cessé de s'étendre. Cela en raison de l'évolution vers la droite des partis socialistes européens. Un glissement constant et vraisemblablement irréversible qui a son explication économique (l'argent et le pouvoir sont du côté de la mondialisation libérale), mais qui délaisse une part de plus en plus importante de l'opinion.
Parallèlement, la prise de conscience des ravages du capitalisme financier ne cesse de gagner du terrain. Nous sommes tous les jours plus nombreux à comprendre que le monde marche sur la tête.
Que l'appât du gain et des surprofits, qui va de pair avec les hymnes à la croissance, ne fait qu'aggraver la crise. Avec la famine, l'aveuglement n'est plus guère permis.
Bernard Langlois rappelle dans son bloc-notes (voir pages 46 et 47) combien, il y a vingt ans, le discours d'un René Dumont était marginal et paraissait incongru. Il est aujourd'hui, par la force des choses, sur la place publique. Avec sincérité, ou par feinte, le néolibéralisme est partout en accusation.
Le grand paradoxe Or, voilà le grand paradoxe : les forces politiques qui s'interrogent sur la croissance, sur le consumérisme, sur nos modes de vie, sur un autre partage des richesses, et au total sur la remise en cause réelle du néolibéralisme, restent peu audibles.
Nous, citoyens des démocraties occidentales, sommes aujourd'hui en proie à une sorte de schizophrénie. Nous avons pris conscience de beaucoup de choses, mais nous continuons de voter pour des partis politiques qui n'ont rien intégré des leçons récentes de l'histoire, sauf à tenter de les récupérer par une habile communication.
Il y a encore trente ans, au lendemain des Trente Glorieuses, il était facile d'établir des correspondances entre les grandes formations politiques et leur base sociale. Cette lecture est pour le moins malaisée aujourd'hui ».
Nota : la plupart des intertitres sont dus à la rédaction d’Altermondialisme et Ecologie.
Prendre le temps de réfléchir sans tabou
Où en sont les mouvements
Antilibéraux ?
Anticroissance ?
Anticapitalistes ?
Alterécologistes ?
Altermondialistes ?
Cette mouvance, qui se veut à la gauche du PS, se caractérise par une grande diversité.
Ces différents courants refusent la mondialisation capitaliste et financière, mais ne parviennent pas à trouver un « dénominateur commun positif ».
Ainsi on peut facilement repérer de véritables abimes idéologiques entre un adhérent de la Ligue Communiste Révolutionnaire, un adepte de la démarche de la Décroissance, un Alterécolo, un Rénovateur communiste, un Orthodoxe communiste, un Mélanchoniste, un Fabusien…
Les histoires de chacun sont différentes, les refus et les positionnements idéologiques partent de thématiques opposées…
Ne pas éviter les questions
Nous sommes un certain nombre à nous poser des questions et à évoquer des solutions possibles qui ne satisfont toujours qu’une partie de ceux qui se posent les dites questions.
Mais devant les échecs répétés d’unification de ces différents courants, il devient indispensable de se poser quelques questions.
Inéluctabilité du productivisme et de l’ultralibéralisme en Europe et dans le monde ?
Question, pourquoi années après années alors que pratiquement tous les pays privatisent, mettent sur le marché privé : l’eau, l’énergie, la santé, l’éducation, l’environnement, seules d’éphémères victoires en négatif, comme le « NON » au Traité Constitutionnel dans deux pays européens, émergent-elles épisodiquement ?
Seuls des pays Sud Américains résistent.
Hors du PS point de salut ?
Résultat ? En France le PC, Les Verts, les Radicaux vivent à l’ombre du grand frère qui capte tous les électorats, y compris ceux qui culturellement et économiquement sont en rupture avec le productivisme et l’ultra libéralisme
N’y a-t-il donc pas de bout de tunnel pour ces 15 à 20 % d’électeurs qui se situent dans le champ de l’alternative, de l’alterécologie et non pas dans celui de l’accompagnement du système ?
Rassemblement et Fusion à l’allemande ?
Dans un temps très court et avant les prochaines élections européennes et régionales certains pensent qu’il est possible de rassembler dans un même mouvement : les Comités Unitaires Antilibéraux, les minoritaires de la LCR, les Alterécolos, les rénovateurs du PCF, les « mélanchonistes » et éventuellement des proches de Laurent Fabius.
Est-ce pour lancer une dynamique permettant de créer une alternative à l’allemande on ne sait ?
Mais vu l’émiettement de ces différentes composantes, la solution du rassemblement, et donc la fusion à l’allemande jamais véritablement tentée, semble avoir fort peu de change de réussir, en tous cas, à court et moyen termes.
Et d’ici là le bipartisme continuera probablement à se développer en ramenant régulièrement les électeurs soit à l’UMP soit au PS.
Ainsi, beaucoup d’électeurs vont continuer à voter alternativement et certains « par défaut » pour l’un ou l’autre de ces deux pôles.
Compromis territoriaux d’autonomie contractuelle Impossible ?
Pas d’option à l’allemande.
Si l’option d’une solution à l’allemande a très peu de chance d’aboutir au niveau national d’ici les européennes et les régionales il aurait été peut-être plus judicieux de travailler à des « compromis territoriaux » sur des espaces plus restreints comme le niveau régional.
Pas de plate-forme commune.
Mais, les différentes composantes antilibérales et anti productiviste des différentes Région se révèlent incapables de se rassembler sur une « plate-forme commune ».
Ainsi il ne leur est pas possible de rencontrer de manière concertée les sensibilités du PS proches de leurs analyses ou celles plus éloignées mais capables de mesurer leurs apports alternatifs.
Pas d’autonomie contractuelle.
Le but aurait pu être de tenter de réaliser des « compromis politiques » régionaux susceptibles de mettre en application une partie des options antilibérales et anti productivistes sur les territoires précis de ces dits espaces.
Ce concept déjà éprouvé en PACA permet le rassemblement sur ce qui est commun et de garder la liberté de décision et de vote sur les domaines de divergences.
Compromis et compromissions.
Les « Altermondialistes et Ecologie » au Conseil Régional PACA utilisent ce système qui fonctionne parfaitement. Ces élus n’ont pas voté l’A51, ITER, l’Opération d’Intérêt National de la plaine du Var…
Cette option se révèle elle aussi irréalisable car le « compromis contractuel » semble être compris comme une obligatoire « compromission ».
Ensemencements réciproques.
Si ces « compromis contractuels » avaient été tentés il aurait pu naître alors une démarche plurielle « dedans-dehors » qui aurait ensemencé sans doute toutes les composantes capables de se rencontrer et de discuter pour le plus grand bien de nos territoires, des hommes et de la planète, in fine.
Entrer au PS pour créer un courant altermondialiste
et écologiste ?
Il existe d’autres hypothèses, entre-autres celle de la rentrée au PS par la petite porte de « l’entrisme », chacun son tour, en fonction des intérêts locaux, des situations locales ou personnelles.
Une démarche plus globale avait vu le jour au moment du Front Populaire avec l’exemple célèbre de Marceau Pivert.
Ce qui n’a jamais été tenté c’est d’envisager une démarche officielle de rentrées groupées, en précisant les contours politiques de cette démarche.
Avantage ?
Sans doute de disposer de la force d’un grand parti qui renait de ses cendres après ses défaites qui ne sont pas historiques ni définitives, mais qui lui demandent chaque fois une adaptation au monde tel qu’il est devenu et le fait glisser vers le modèle social démocrate européen ce qui n’était pas une fatalité historique en France.
Intervenir réellement et politiquement sur les différents niveaux de la formation sociale dans laquelle on lutte.
Etre en capacité de mettre en place des expériences de gestions alternatives, car ne jamais participer à un exécutif réduit les contestataires à la seule… contestation.
Renforcer les pôles de gauche du PS.
Inconvénients ? Cette démarche nécessite de fortes bases politiques et des capacités à introduire de « l’alternative » dans un parti dont la tradition essentielle des militants est le social classique alors que beaucoup des dirigeants issus des grandes écoles de cette République très inégalitaire s’efforcent de traduire ces aspirations dans le cadre d’un système qui les contredit.
De plus, les luttes de courants ne sont pas nécessairement le reflet de ce qui bouge, évolue, émerge dans la société.
Les synthèses et compromis internes ne répondent que rarement aux besoins environnementaux et sociétaux. Par exemple la nature n’a que faire des compromis politiques.
Ces courants sont-ils condamnés à travailler le terrain pour rabattre les électeurs vers le PS tel qu’il est devenu ?
Mais par ces temps où les Fadéla vont chez Sarkozy, où le marché et le libéralisme ont gagné (cf le journal Alternative
Economique) n’est-il pas légitime de se poser des questions en particulier sur ces sociétés dites développées dans lesquelles les « alternatives politiques » sont vouées à perpétuellement être dans l’opposition sans jamais pouvoir construire en situation de pouvoir et de décision ?
Ou alors, faudrait-il dire clairement que les différents niveaux de pouvoir ne sont plus à prendre et à transformer et qu’il ne reste plus, aux alternatifs de tous bords, que les luttes de terrain pour rabattre ensuite politiquement et électoralement les mécontents…sur le Parti Socialiste dominé par des sociaux-démocrates ?