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22 mars 2021 1 22 /03 /mars /2021 15:33

Chers lecteurs, veuillez prendre connaissance de ce texte de M. Yves Lenoir

LES ACQUIS SOCIAUX DE LA COMMUNE

 

L’oeuvre de la Commune de Paris est d’abord une réponse directe, immédiate aux préoccupations de la population parisienne. 

Léo Fränkel déclare : «  Nous ne devons pas oublier que la révolution du 18 mars a été faite par la classe ouvrière. Si nous ne faisons rien pour cette classe, je ne vois pas la raison d’être de la Commune.  »


Le texte le plus important de lutte pour l’emploi est le décret du 16 avril 1871 relatif aux ateliers abandonnés par leurs patrons, ce qui provoque le chômage des ouvriers qui y travaillaient.

La Commission du Travail confie aux Chambres syndicales la tâche de dresser une statistique de ces ateliers, de présenter un rapport sur les conditions de leur prompte remise en exploitation par l’association coopérative des salariés, de prévoir les conditions de pérennisation de ces ateliers.


Le 25 avril, la Commune met à la disposition des délégations ouvrières un local au ministère des Travaux publics ; les délégués des mécaniciens, métallurgistes, tailleurs, ébénistes, cloutiers, boulonniers se mettent au travail. Le décret du 16 avril jette les bases d’une transformation sociale désignée de nos jours sous le terme d’autogestion.


La Commission du Travail ordonne, pour remplacer les bureaux de placements patronaux, l’ouverture, dans chaque mairie, d’un registre sur lequel les chômeurs inscrivent leurs offres de travail et d’un autre sur lequel les employeurs expriment leurs besoins en main d’œuvre.

 

La Commune suspend la vente des objets déposés au Mont de piété et dégage gratuitement ceux d’une valeur inférieure à vingt francs. Sous le Second empire, l’arbitraire patronal s’exerçait sous la forme d’amendes et retenues sur les salaires qui constituaient d’intolérables abus d’autorité. La Commune met fin à ce scandale et le décret du 27 avril prévoit que les amendes infligées depuis le 18 mars devront être restituées.

Les salaires sont augmentés dans l’enseignement et les rémunérations des institutrices deviennent égales à celles des instituteurs.

 

Dans le but de favoriser la vie sociale des ouvriers, une première mesure de réduction de la journée du travail à 10 heures est prise aux ateliers de réparation d’armes du Louvre.

 

La Commune rétablit le moratoire sur les loyers et organise le paiement de la solde des gardes nationaux, abrogés par le gouvernement de Versailles. Elle crée des ateliers féminins autogérés, des écoles professionnelles pour garçons et filles. Elle interdit le travail de nuit dans les boulangeries.
 

Elle réquisitionne les logements vacants pour y loger les habitants victimes des bombardements versaillais, décide de verser des pensions aux épouses ou compagnes des fédérés tués au combat, qu’ils soient mariés ou non, et à leurs enfants.


Les acquis sociaux, comme toute l’œuvre et les idéaux de la Commune, demeurent d’une grande actualité dans la mesure où la Révolution du printemps 1871 a su poser et résoudre, dans les termes de son époque, des problèmes qui nous interpellent encore aujourd’hui.


En 72 jours, en réalité moins de deux mois de travail effectif, si l’on retire les huit premiers jours consacrés aux élections et la Semaine sanglante, la Commune a réalisé une oeuvre sociale d’une ampleur exceptionnelle.

Elle a créé un véritable Code du travail, anticipant les conquêtes sociales des siècles suivants.

LA POSTÉRITÉ SOCIALE DE LA COMMUNE. L’un des premiers actes du gouvernement versaillais, après l’écrasement de la Commune, est d’interdire toute adhésion à l’Internationale par loi du 14 mars 1872, ce qui constitue, à postériori, une reconnaissance du caractère social de la Commune.

Le prolétariat redresse rapidement la tête. Un premier congrès ouvrier se tient à Paris, en 1876. A partir de ce moment et jusqu’à nos jours, l’oeuvre de la Commune va servir de référence à tout le mouvement ouvrier.

La loi de 1884 sur les libertés syndicales va permettre au prolétariat d’arracher des avancées sociales importantes. Les anciens communards jouent un rôle important dans cette renaissance du mouvement ouvrier. L’exemple le plus significatif de la mémoire de la Commune dans le mouvement ouvrier est le défilé au Mur des Fédérés du 24 mai 1936.


Trois semaines après la victoire électorale du Front populaire (1936) et dans un moment où la classe ouvrière s’engageait dans un mouvement de grèves avec occupation d’usines, 600 000 travailleurs participaient à ce défilé.

C’est le plus grand nombre de participants à la Montée au Mur. Cet événement allait être un puissant accélérateur des luttes qui devaient culminer début juin avec trois millions de grévistes et déboucher sur les importantes victoires sociales de 1936. Toujours inspirées par l’oeuvre sociale de la Commune, de riches avancées sont arrachées, notamment en 1945, sur la base du programme du Conseil national de la Résistance. Il en sera de même en 1968.


Il n’est pas exagéré de dire que la Commune de 1871 est le premier et le plus significatif exemple de démocratie sociale qui ait existé.

YVES LENOIR

 

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