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15 avril 2017 6 15 /04 /avril /2017 07:03

Un ami m'a demandé en quoi la classe ouvrière avait changé et en conséquence pourquoi cela expliquerait le repli du PCF et ensuite du PS.

 

La classe ouvrière a changé parce qu'en partie, elle a gagné.

En effet, la classe ouvrière n'a plus comme le disait Marx, "que ses chaînes à perdre".

Trois phénomènes contradictoires ont totalement changé la donne.

1° Les luttes de la classe ouvrière.

D'une classe émergente, sans aucun pouvoir, sans relais politiques, sans biens personnels pour chacun de ses membres, les ouvriers ont su mettre en place des organisations syndicales, mutualistes et politiques qui ont fait irruption dans la formation sociale globale, au point d'en devenir un pivot central dans les affrontements sociétaux.

 

2° La transmutation en classe "moyenne".

Les divers gouvernements dits "bourgeois", entre les deux guerres se sont inquiétés de cette poussée ouvrière, et ont clairement "fabriqué" une classe moyenne qui avait pour but que cette nouvelle classe ne se sente pas solidaire, du révolutionnarisme ouvrier. 

Avec des hauts et des bas, cette politique a réussi, mais au delà de l'espérance des promoteurs de cette politique.

En effet, au fil du temps, les ouvriers qualifiés, les enfants des fondateurs des organisations ouvrières sont "montés" dans l'échelle sociale, pour s'installer (en particulier grâce à leur insertion dans l'Education Nationale, la Sncf, Renault, Air France...), dans les strates des classes moyennes tout en gardant souvent une appartenance idéologique à gauche, tout au moins durant une ou deux générations.

Mais les ouvriers eux-mêmes ont mutés.

Lorsque les membres de la classe ouvrière ne sont pas touchés par les restructurations sauvages, ils deviennent propriétaires de leur appartement, de leurs véhicules, ils partent en vacances...bref ils entrent dans une des strates de la classe "moyenne" et perdent la conscience d'appartenir à une classe ouvrière soudée.

En fait, ils ont autre chose à perdre que leurs "chaînes" et ne souhaitent de plus en plus souvent, ne plus être considérés comme des ouvriers.

 

3° La perte du paradis.

Nous l'avons déjà dit, l'effondrement de l'URSS, a accéléré la déconsidération de l'appartenance à la classe ouvrière. Il n'y a plus de modèles.

Mais il existe une nouvelle conscience.

C'est celle de la précarité ouvrière, la conscience de la rétrogradation de la classe moyenne vers la précarité professionnelle, et la perte des filets de protection qui entouraient non seulement l'emploi, mais aussi la vie tout court.

 

L'heure du choix, dans la désignation d'un "coupable".

Ou bien, nait une nouvelle conscience de classe qui unifie les ouvriers qui ont mutés et les classes moyennes qui dégringolent.

Ou bien, l'ennemi n'est plus le "capitalisme" et alors le coupable c'est l'étranger.

C'est ce qui se joue sous nos yeux entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen.

 

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